Ciné-club: Un silence

Quand

17 juin 2024    
20h30 - 22h30

Kino am Raschplatz
Raschplatz 5, Hanovre, Basse-Saxe, 30161, Région de Hanovre

Type d’évènement

SYNOPSIS

Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.

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Un film sur la honte

Pour son dixième long métrage, Joachim Lafosse a réalisé un film sur la honte. C’est pendant le tournage, en compagnie notamment d’Emmanuelle Devos, qu’il a ressenti à quel point le film traite de cette thématique. Le metteur en scène se rappelle : “Le crime provoque l’effroi, l’effroi provoque le silence qui engendre la culpabilité et la honte. On a tort de juger le silence, il faut l’interroger, c’est un symptôme. Il ne faut jamais oublier que le silence n’est pas le crime et que derrière toute personne silencieuse, il y a une épreuve, une difficulté à dire, une fragilité. Cela a été magnifique de pouvoir, avec Emmanuelle Devos et les autres acteurs, mettre en scène ce sentiment de honte.”
La honte n’est pas du côté de Caroline, la fille d’Astrid, qui a davantage de distance, qui supporte le crime depuis moins longtemps que sa mère et qui vit dans une époque capable d’interroger la nécessité de l’écoute et de la parole. La honte est du côté d’Astrid qui, elle, doit se confronter à sa solitude. D’une certaine manière, Caroline incarne une messagère pour sa mère.”

 

Un fait divers à l’origine

Joachim Lafosse a écrit le scénario de Un silence à partir de l’affaire Hissel. Dans cette dernière, Victor Hissel, l’ancien avocat de familles de victimes de Marc Dutroux, a été mis en cause en 2007 pour détention d’images pédopornographiques. Il a été condamné à 10 mois de prison ferme. Autre caractéristique de cette affaire : le fils Hissel, Romain, a poignardé son père à plusieurs reprises en 2009, le blessant gravement. Il n’avait pas supporté que son père, qui était un symbole de la lutte contre les violences sexuelles en Belgique, ait lui-même des penchants pédophiles.

Un rôle difficile

Le rôle de François a effrayé de nombreux comédiens d’après Joachim Lafosse : “Daniel Auteuil a accepté avec beaucoup de courage. Lors de notre première rencontre il m’a dit : « je vais tenter de faire vivre le personnage avant tout jugement. Je peux le jouer parce qu’à mes yeux, la perversion est un mécanisme de défense – c’est le pire mais c’en est un. François est un homme qui se débat pour qu’on ne sache pas. C’est un homme qui ne peut regarder la vérité sans quoi il s’effondrerait ».”

Trouver la maison

Un silence a été tourné à Metz. Une des choses ayant le plus occupé Joachim Lafosse et son équipe a été de trouver la maison. “Il fallait qu’elle soit assez vaste pour permettre des déplacements avec une machinerie lourde, et qu’en même temps, elle ne soit pas tape-à-l’œil. Il s’agit d’une bourgeoisie provinciale où rien ne dépasse, pas blingbling pour deux sous. Trouver cette maison a été l’un des éléments clés de la fabrication du film”, se souvient le metteur en scène.

Qui pour Astrid ?

Pour jouer Astrid, la femme d’un célèbre avocat, Joachim Lafosse a choisi Emmanuelle Devos : “Nous mesurions que pour composer le personnage d’Astrid, la maman, la tâche était risquée. Nous avions à faire vivre avec justesse une femme qui s’est tue pendant plus de trente ans. À nos yeux, elle est d’une grande fragilité narcissique. Il y a une fêlure archaïque chez elle. Pour la soutenir nous avons simplement essayé, Emmanuelle et moi, d’observer, d’entendre, de sentir nos défaillances, nos lâchetés, nos peurs, notre incapacité bourgeoise à perdre, à prendre le risque de remettre en question l’ordre établi.