Ciné en français : Sur l’Adamant.

Ciné en français : Sur l’Adamant.

Quand

19 octobre 2023    
16h45 - 18h45

Kommunales Kino im Künstlerhaus
Sophienstraße 2, Hanovre, Basse-Saxe, 30159

Type d’évènement

Voir en avant-première Sur l’Adamant, un film de Nicolas Philibert, Ours d’or du meilleur film à la Berlinale 2023.

Synopsis

L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.

En savoir plus

Naissance du projet

Nicolas Philibert a entendu parler de l’Adamant au début des années 2010, alors que ce n’était qu’un projet. À l’époque, la psychologue clinicienne et psychanalyste Linda de Zitter, avec qui le réalisateur est resté très lié depuis le tournage en 1995 de La Moindre des choses à la clinique psychiatrique de La Borde, faisait partie de l’aventure qu’a été sa création : pendant des mois des patients et soignants s’étaient réunis autour d’une équipe d’architectes pour en jeter les bases :

“Et ce qui n’était à l’origine qu’une rêverie utopiste a fini par se réaliser. Des années plus tard, il y a sept ou huit ans, j’ai eu pour la première fois l’occasion d’aller sur l’Adamant. L’atelier Rhizome m’avait invité à venir parler de mon travail. Rhizome est un groupe de conversation qui a lieu chaque vendredi dans la bibliothèque. Ce jour-là j’avais passé deux heures devant un groupe qui s’était préparé à m’accueillir en visionnant quelques-uns de mes films et n’avait eu de cesse de me pousser dans mes retranchements. Depuis mes débuts de cinéaste, j’ai eu de nombreuses occasions de parler devant un public mais cette fois, j’en étais revenu particulièrement revigoré, éperonné par les remarques des personnes qui étaient là. L’envie de refaire un film en psychiatrie me travaillait depuis un bon moment”, se rappelle-t-il.

Parti pris de départ

Nicolas Philibert voulait se sentir libre et ne pas trop avoir à se préoccuper de l’architecture du film, persuadé que l’unité de lieu et les “personnages” autoriseraient une construction indisciplinée : “Suivre un personnage, le perdre, le retrouver plus tard, filmer une réunion, un atelier, l’accueil d’un nouveau venu, des échanges informels… Et fixer tous ces petits détails qu’on pourrait trouver anodins et qui deviendraient le tissu-même du film en train de se faire.”

“J’ai toujours aimé improviser, et avec le temps, l’improvisation est devenue pour moi comme une nécessité éthique. Ne rien expliquer, surtout. Ne pas assujettir son film à un programme, à un ‘vouloir-dire’ préalable. Ne pas chercher à filmer utile. Traquer toute trace d’intentionnalité. ‘Un cinéaste ne devrait montrer que ce qu’il ne sait pas encore’ disait Marcel Hanoun. D’ailleurs, rien ne se passe jamais comme prévu, la présence d’une caméra rebat toujours les cartes.”

Un triptyque

Sur l’Adamant est le premier volet d’un triptyque. Nicolas Philibert a tourné le second volet à Esquirol (Charenton) au sein des deux unités intra-hospitalières qui relèvent du pôle Paris centre. Il s’intitulera Averroès et Rosa Parks (puisque c’est leurs noms). Le cinéste explique : “Il repose en grande partie sur des entretiens individuels entre patients et psychiatres. On y retrouvera quelques patients filmés sur l’Adamant, et d’autres. Il est en cours de montage.”

“Le troisième film regroupera des visites à domicile, effectuées chez des patients, par des soignants. Il n’a pas encore son titre définitif. Cette fois encore on y retrouvera quelques visages connus. Il est presque entièrement tourné, et en partie monté. Mais j’insiste sur un point : les trois films sont complètement autonomes. Nul besoin d’avoir vu le premier pour voir les suivants. On pourra les voir dans l’ordre que l’on veut, n’en voir qu’un seul, etc.”

Encensé par Kristen Stewart

En février 2023, Sur l’Adamant a remporté la récompense suprême lors de la Berlinale : l’Ours d’or. Nicolas Philibert s’est ainsi vu remettre le prix des mains de la Présidente du Jury, Kristen Stewart. Cette dernière s’est d’ailleurs fendue d’un discours touchant, prouvant ainsi que certains documentaires peuvent être plus cinématographiques qu’une fiction.
La comédienne américaine affirmait ainsi :
“Depuis des milliers d’années, on tourne en rond pour essayer de définir ce qui peut être considéré comme de l’art. Qui est autorisé à le faire et ce qui en détermine la valeur.(…) Ce film place la réflexion, le sentiment, le son et l’image relatifs à ces questions à un niveau profond, à un niveau humaniste, qui nous a tous touchés et submergés au sein du jury. (…) Les paramètres invisibles établis par l’industrie et l’académisme n’ont aucune chance face à ce film.