SYNOPSIS
Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel.
Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative.
Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…
Palme d’Or du Festival de Cannes 2023
Naissance du projet
Créée en 2014, la justice restaurative est un espace de dialogue de nature à offrir aux personnes impliquées, qui souffrent des répercussions du crime, la possibilité de se rencontrer pour en questionner le « pourquoi » et le « comment ».
Jeanne Herry a rapidement décidé de mettre en scène des rencontres détenus-victimes autour de vols avec violence. Une problématique sociale et sociétale assez banale, mais dont on mésestime les effets ravageurs sur les victimes. La réalisatrice confie :
“Les violences intrafamiliales n’ont pas de frontières sociales, elles frappent tous types de familles, de quartiers, de classes… Ce sont des guerres sourdes qui ont lieu derrière les murs des maisons, nos maisons, chacun peut s’identifier, se projeter.”
“Je me suis à nouveau longuement documentée, et j’ai voulu raconter un frère agresseur, une soeur victime et la famille qui avait généré cela. La violence, l’amour, la prise de pouvoir, les manques et les manquements… Des drames effroyables et courants.”
Assister à des formations
Jeanne Herry n’a pas assisté à des rencontres entre victimes et agresseurs (cela aurait été contraire au principe de base de cette pratique qui invite les agresseurs à se raconter en toute liberté). La cinéaste explique : “Ils savent que le cadre dans lequel ils vont s’exprimer est sécurisé et que rien de ce qu’ils diront ne sera répété. Il arrive d’ailleurs que certains dévoilent des faits qu’ils n’ont jamais révélés. Les seules choses auxquelles j’ai assisté et qui étaient hyper intéressantes sont les formations. J’en ai suivi trois : la formation d’animateurs que font Fanny et Michel dans le film – j’ai vraiment éprouvé de l’intérieur la première scène du film en jouant tour à tour des auteurs et des victimes face à des apprentis animateurs – ; celle de médiateur, la fonction qu’occupe Judith ; et une troisième formation par Zoom au Québec.”
Côté casting
Jeanne Herry a écrit le film en ayant en tête certains acteurs comme sa mère Miou-Miou (Sabine), Elodie Bouchez (Judith), Gilles Lellouche (Grégoire), Leïla Bekhti (Nawell) et Jean-Pierre Darroussin (Michel). La réalisatrice se rappelle :
“Je n’étais pas sûre que le rôle intéresserait Gilles – après tout, son personnage n’arrive qu’à la cinquantième page-, je ne connaissais pas Leïla Bekhti. Pour moi, c’étaient des boussoles, c’était agréable d’avancer avec eux en tête…J’ai très vite pensé à Birane Ba pour le rôle d’Issa. Je l’avais trouvé très inspirant en travaillant avec lui sur un spectacle à la Comédie française. Alors qu’il y a peu de personnages jeunes dans mes films, Il m’a donné envie d’en imaginer un. Il est formidable, Birane, solaire, très fiable… Sont venus ensuite Suliane Brahim avec qui j’avais travaillé aussi, Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah et Fred Testot.”
Références prestigieuses
Jeanne Herry avait pour référence 12 hommes en colère de Sidney Lumet. Mais aussi En thérapie, la série d’Olivier Nakache et Éric Tolédano. La cinéaste raconte : “Elle m’a beaucoup plu et aussi rassuré : à ce stade, même si je ne le souhaitais pas, je me posais encore la question de mettre ou non en scène les agressions dont les victimes avaient fait l’objet. Devait-on voir Sabine (Miou-Miou) se faire voler son sac ? Son récit suffirait-il ? « En thérapie » m’a confortée dans ce que voulais faire. Les visages de la série étaient comme des paysages : on se faisait nous-mêmes nos propres images. On peut faire confiance aux mots et au jeu. Je me suis concentrée sur le plaisir et la perspective de voir mes acteurs jouer.”